36% se disent en dépression : la détresse psychologique des salariés de plus en plus inquiétante
Avec la crise, la détresse psychologique des salariés s'accentue de mois en mois. 36% des salariés disent souffrir de dépression, selon un baromètre Opinion Way publié ce mardi. Un tiers des personnes interrogées redoutent même des suicides dans leur entreprise.
De confinement en reconfinement, la détresse psychologique manifestée par de nombreux salariés depuis le début de la crise sanitaire évolue vers des formes plus visibles mais aussi plus inquiétantes, selon un baromètre réalisé par Opinion Way pour le cabinet Empreinte Humaine, et présenté ce mardi 23 mars.
Plus d'un tiers des salariés en dépression
Sur les quelque 2 000 personnes interrogées début mars, 45% affirment se trouver en situation de détresse psychologique. Surtout, par rapport au mois de décembre, le taux de dépression explose, passant de 21% à 36%.
Les populations à risque sont toujours les mêmes : les moins de 30 ans, les femmes, les managers. Mais aussi les télétravailleurs. "Alors que lors du premier confinement, les plus exposés à la détresse psychologique étaient les salariés en chômage partiel", note Christophe Nguyen, psychologue du travail et président du cabinet Empreinte Humaine.
Isolement, monotonie des tâches, lassitude : les raisons à la détérioration de l'état mental des salariés sont multiples. L'étude note une plus forte détresse chez ceux qui télétravaillent dans de petits espaces. Les trois quarts de ceux vivant dans moins de 40 mètres carré disent ressentir un sentiment d'étouffement.
Plus globalement, le télétravail a vite montré ses écueils, en matière d'organisation du travail, d'horaires et d'abus. Plus de la moitié des personnes interrogées évoquent une surcharge de travail et des journées à rallonge. À l'autre bout du spectre, un tiers déclarent ne pas avoir suffisamment à faire.
Une multiplication des "micro-agressions"
Il y a aussi la perte de repères et la baisse de créativité, évoquées par un quart des salariés. Sans oublier les échanges parfois difficiles avec les collègues ou la hiérarchie. "On a vu une augmentation des incivilités", souligne Christophe Nguyen.
"Cela peut être des micro-agressions par mail, des demandes qui ne prennent pas en compte la capacité et les possibilités du salarié, des relations qui se tendent dans la façon de se parler par tchat... Tout cela cela pèse sur le long terme."
Plus inquiétant encore : la crainte de voir la détresse basculer vers la violence et générer des drames humains. Un tiers des salariés redoutent de voir survenir des suicides sur leur lieu de travail. Et 10% craignent qu'un collègue agresse physiquement d'autres personnes.
"Ces peurs ne vont faire qu'augmenter si des actions efficaces ne sont pas menées", estime le psychologue, qui déplore que la dimension critique de la situation ne soit pas suffisamment prise en compte. "C'est une question de méthode, de moyens et de volonté de mettre en œuvre des actions orientées vers ce qui marche. Et pas des choses un peu périphériques, comme l'aménagement des locaux ou des cours de yoga... Cela peut être apprécié un moment donné, mais cela ne traite pas le fond du sujet."