Un rapport suggère que l'endométriose devienne un sujet de santé au travail
Un rapport remis hier à Emmanuel Macron formule plusieurs pistes pour que l'endométriose soit mieux prise en compte dans le monde du travail. Sensibiliser les acteurs et mieux les former, proposer aux entreprises des mesures d’adaptation du travail sont quelques-unes des recommandations formulées par le rapport.
La mission confiée en mars dernier à Chrysoula Zacharopoulou, députée européenne et gynécologue dans le cadre de la stratégie nationale contre l'endométriose a finalisé ses travaux. Le rapport a été remis hier au président de la République.
"L’endométriose est une maladie gynécologique chronique de la femme en âge de procréer. Elle se caractérise par la présence d’endomètre en dehors de la cavité́ utérine. L’endomètre constitue la muqueuse utérine, c’est-à-dire la couche la plus interne de l’utérus. Au terme du cycle menstruel, une grande partie de l’endomètre est éliminé, constituant ainsi les règles ou menstruations", explique le rapport. "Dans le cas de l’endométriose, ce tissu situé en dehors de la cavité utérine, réagit également en fonction des variations hormonales du cycle menstruel. Cela provoque aux endroits où il se trouve des saignements, des nodules ou kystes, ainsi que des réactions inflammatoires avec formation de tissu cicatriciel et d’adhérences entre les organes avoisinants. Ses causes sont encore très mal connues, multifactorielles, associant des facteurs directement liés aux menstruations à des facteurs génétiques et environnementaux".
Une pathologie qui affecte le quotidien des femmes au travail
L'un des objectifs de la stratégie nationale est de communiquer davantage sur cette pathologie. Le rapport suggère "d'informer et [de] sensibiliser les personnes atteintes et leur entourage afin de réduire le risque d’errance médicale et [d'] améliorer leur qualité de vie personnelle et professionnelle indépendamment du niveau d’éducation, du milieu socio-professionnel, de l’environnement de vie et de la présence d’un handicap physique, sensoriel, cognitif ou psychique". Il est également recommandé de faire intervenir des associations de patientes dans les écoles, les entreprises, les associations sportives, etc. Parmi les personnes à sensibiliser, le rapport cite les employeurs et les gestionnaires RH. En effet, cette maladie est susceptible d'impacter le travail des femmes concernées.
Comme le souligne le rapport, "au-delà des douleurs pelviennes, les femmes atteintes par l’endométriose sont sujettes à des symptômes induits comme la fatigue chronique, les douleurs lombaires et des douleurs dans les jambes. Cela rend leurs postures de travail pénibles, affectant le quotidien au travail et influant lourdement sur leur qualité de vie".
Des pistes pour mieux prendre en compte l'endométriose dans le monde du travail
Le rapport formule un certain nombre de propositions visant à améliorer la prise en charge de l'endométriose et ses conséquences sur le lieu de travail.
1) Première piste : faire de l’endométriose un enjeu de santé au travail
Le rapport suggère notamment de :
- fournir un cadre pour la prise en compte de l’endométriose au travail en l’intégrant dans une action plus large du "Plan santé au travail 4". Par exemple, la prise en compte de l’égalité femmes-hommes servira à aborder la question de l’endométriose ;
- déployer les actions sur l’endométriose dans un ou plusieurs plans régionaux de santé au travail.
2) Deuxième proposition : communiquer auprès des acteurs du monde du travail, et les former
Il est ainsi proposé de :
- former les managers, les responsables RH et les partenaires sociaux, à l’accompagnement des salariées, et au dialogue avec leur hiérarchie ;
- former spécifiquement la médecine du travail (médecins et infirmières) ainsi que les assistantes sociales au travail, à l’écoute, à l’orientation vers les filières de prise en charge ;
- former les partenaires sociaux pour qu’ils connaissent les effets de la maladie, écoutent les salariées et veillent à leur protection au sein de la commission Santé et sécurité et conditions de travail (CSSCT) ;
- former les managers pour qu’ils discernent les employés en souffrance et les orientent vers les RH et les services de santé au travail ;
- proposer aux entreprises des mesures d’adaptation du travail.
3) Troisième recommandation : proposer aux entreprises des mesures d’adaptation du travail
Le rapport recommande de :
- mettre en oeuvre des solutions d’aménagement du poste de travail ou des horaires, et favoriser le télétravail ;
- développer le recours au temps partiel thérapeutique pour les cas les plus graves.
► L'ensemble des pistes proposées dans le cadre de cette mission seront étudiées dans le cadre d'un comité de pilotage national auquel participera le ministère du travail. Cette structure centrale de pilotage sera placée auprès du ministre des solidarités et de la santé et coordonnera l’action des différents ministères impliqués.
Florence Mehrez
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